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Bienvenue

02 May 2017

      Je pense que le monde est si merveilleux, c'est une chance unique que d'être ici alors, dites-moi pourquoi je me fais du mal?! Je suppose que je n'ai pas compris le vrai sens de la vie. Tout ce que l'on me disais, je le croyais mais tous les gens que j'aimais m'ont laissé.
         Est ce que quelque chose vous dérange?! Je pense que je suis assez grand pour comprendre. Vous n'avez donc aucune raison de me le cacher, je sais que vous aviez dit que vous ne mentez pas et peut-être bien que c'est vrai. Alors, je cache chacun de mes doutes parce que je sais que vous allez dire la vérité.

        Bienvenue dans mon monde parfait, calqué sur les rêveries d'Ana. C'est à mon tour de lancer le spectacle, réfugié de l'autre côté du miroir. Avec tout les enfants perdus, je ne suis jamais seul et nous pouvons jouer toute la journée ensemble tant que ma tête tourne.

      Bienvenue dans mon monde fabuleux, nous vivons de nouvelles aventures chaque jour. Aussi longtemps que tout reste pareil, tout ne sera que merveilles. Ensemble, ce monde sera parfait, ils ont juste à m'écouter et faire ce que je leur dis.        Pourquoi n'obéissent-ils plus?! Tout le monde autour de moi chuchote, que peuvent-il bien se dire?! Pensez-vous que j'ai encore fait quelque chose de mal?! Je vous le promets, ce n'est pas moi...
    Pourquoi tout le monde pense que je suis aveugle?! Je vois parfaitement comment chavire votre monde. La vérité c'est que je n'ai pas su ignorer le mal, je suppose que c'est trop tard maintenant... Où êtiez-vous passé quand j'avais besoin de vous?! J'ai toujours besoin de vous, je suis si seul. M'entendez-vous crier?! Je ne peux plus me retenir. Qui suis-je?! Un petit prince?!  Un meurtrier?! 

   Bienvenue dans mon paradis qui s'est lentement effrité. Maintenant, j'ai choisi d'ouvrir les yeux, ne partez pas je vous en prie. Il devient difficile pour moi de respirer, mes larmes vont me tuer. Peut-être que je n'aurais jamais dû voir la lumière du jour. Mourir...

      Bienvenue dans mon cÅ“ur brisé dans lequel repose une petite fille. Est-ce que ce cauchemar aura une fin?! Serais-je libre un jour?! La douleur me ronge, c'est tellement difficile à admettre mais il ne sert à rien de parler, si personne ne m'entend crier, pleurer, souffrir, mourir, haleter, souhaiter revenir en arrière.

  Bienvenue dans ma chambre blanche,  bienvenue dans mon monde parfait.

@2007

La naissance de Caïn

13 Apr 2017

J'ai franchi la porte en ado souriant

Les yeux noirs et du sang sur les mains

J'ai préféré être sincère plutôt que de salir les gants

Un enfant pousse son premier cri quand son espoir s'éteint.

On m'avait destiné à la pratique de la raquette comme Federer

Un jour, un grand me rackette et ça se finit en adieu funéraire.

Chaque soir, j'attends que la Faucheuse me dise l'heure

Entouré par des paumés et des assassins

Entre ces murs, le psychiatre n'est qu'un vulgaire dealer

Et les pilules ont remplacées les magiciens.

Tournoi de poker dans le crâne

Le whisky a noyé mon cœur de bombe

Lucifer erre encore dans les couloirs à la recherche de mon âme

Aucune inquiétude, Caïn restera muet comme une tombe.

Celui qui a jeté la première pierre...

20 Mar 2017

Si quelqu'un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois» et l'Eternel mit un signe sur Caïn afin que ceux qui le trouveraient ne le tuent pas.
 

J'applaudis ton audace
Je comprends ta détresse
Celle de te confronter aux astres
Plutôt que d'accepter ta faiblesse.

Tu te tiens face à moi
Déployant ton semblant de verve
Me fait part de ton émoi
En pensant bien manier le verbe.

Toi qui menace un homme
Oubliant qu'il est le meurtrier originel
Tu n'oserais pas croquer dans la pomme
Alors te faire passer pour un criminel...

Tu pensais jouir de la protection
Celle qui t'est accordée par Dieu
Mais dans le feu de l'action
Tu as négligé son pépin odieux.

J'accorderai une faveur à ta frêle âme
Qui semble aveuglée par une cécité divine
Je ne me servirai pas de ma sanglante lame
Alors que me suffit une plume assassine.

Comment penses tu t'en sortit ainsi?!
Comment peux tu croire que je vais t'épargner?!
Quand le jour est devenu nuit
À l'instant du coup de grâce porté Ã  mon cadet.

Et lorsque s'abattra l'épée de la Justice
Au plus profond de ta chair
Tu ne comprendras pas encore le vice
Comme celui qu'a défié ma mère.

Ta misérable vie, insignifiante comme une graine
Et ton discours que tu portes comme un hymne
Ne t'apporteras pas l'Eden
Mais la Mort au fil de ma rime.

Perdu dans le palais des glaces

10 Mar 2017

       Quand j'étais petit, je suis allé dans une petite foire qui était quasi déserte. Au delà du chasse-taupes, niché entre le train fantôme et un stand de tir à la carabine, se trouvait un gigantesque palais des glaces. Malgré les avertissements placardés à l'entrée, je suis tout de même entré dans cet antre de la perdition. 

       Au début, tout se passait bien, je progressais lentement mais sûrement, me concentrant sur mes pas plutôt que sur les surfaces réfléchissantes jonchant le chemin. Je regardais régulièrement ma montre pour évaluer ma progression. Des voix commençaient à résonner entre les miroirs, d'autres personnes s'y étaient aussi aventurés.

    Six heures que je suis perdu dans ce complexe, je n'y ai encore croisé personne. J'entends des voix crier à l'aide, des cris de panique, des murmures désespérés. Je m'adosse à un miroir en me laissant lentement tomber sur le sol, mes jambes me font mal, mes poumons me brûlent. En relevant la tête, je fais face à mes nombreux reflets dans le miroir, ils me dévisagent tous, ils me parlent, ils me rassurent, m'encouragent à sortir rapidement, me disent que l'oxygène va manquer,  que je vais probablement mourir ici, seul, comme toujours. Quand je decide de me relever, je ressens une étreinte qui m'empêche de me redresser. Dans le miroir, je croise son regard, mon regard, il m'a attrapé, il va me tuer. Et tout les autres vont le regarder faire, personne ne va l'en empêcher, personne ne sait où je suis, personne ne sais qui il est, ils ne le sauront jamais. 

 

         Quand j'étais petit, je faisais régulièrement ce cauchemar, j'étais seul, perdu dans le palais des glaces, niché entre le train fantôme et un stand de tir à la carabine, au delà du chasse-taupes. Et encore maintenant, en regardant dans les miroirs, il m'arrive d'apercevoir mon corps sans vie, adossé à une surface, les lèvres bleues et le visage blanc. Car, tout les autres m'ont regardé faire, personne ne m'en a empêché, personne ne savait où j'étais, personne ne savait qui j'étais, vous ne le saurez jamais. 

 

 

Version audio: https://www.youtube.com/watch?v=-gxOI5t0Sbg

Le dernier repas d'un condamné...

11 Feb 2017

La vie est un long festin dont la mort est le dessert...

 
                Les rires, les sanglots, le concerto des klaxons, le bruit d'un freinage trop rude, celui de deux voitures qui se heurtent, les hurlements. Les sonneries de téléphone, les gens qui les gardent greffés à leurs oreilles, leurs voix perçantes qui cherchent à cacher leurs vraies émotions. Un ange passe, puis un train, un avion, soyons fous en disant une soucoupe volante. Une syllabe, un mot, une phrase, un discours sortant de la bouche d'un muet s'adressant à un sourd. Au fond, le pire ce n'est pas le silence mais le bruit qui s'accumule autour.
              Un sourire, un soupir, un clin d'Å“il, un signe de la main, une main qui en agrippe une autre, une gifle, l'autre main qui se serre sur la gorge, un coup de couteau dans le thorax, un corps qui tombe lourdement. Un pliage, un lancer, un avion en papier, un regard par la fenêtre, un saut, une chute. Et là, vous vous rappelez qu'on vous as dit qu'il suffisait de déployer les ailes et regarder en avant.
             Un parfum doux, âcre, léger et épicé. Une odeur de sucré vous rappelant celui des gâteaux de votre grand mère, celle Ã¢cre de la mort.  Une fragrance brute et audacieuse, celle de votre moitié, qui repose encore sur l'oreiller, celui que vous avez pourtant lavé des dizaines de fois. Un parfum de vos plus beaux souvenirs qui se transforment en cauchemar.
            Des images familières et étrangères à la fois, de la violence hors de sens, comme celle de votre enfance. Ces photos que vous avez accumulées, vestiges de souvenirs matériels dignes d'être partagés, tapisseries de votre jardin secret.  Et ces images défilent rapidement dans votre tête.
           Un goût de merveilles, celui du chocolat et de la crème anglaise, un parfait mélange de chantilly et de de fraise. Les arômes encore inconnus qu'ils vous restent encore à découvrir, ceux que vous reconnaitraient entre milles, comme si vos pupilles étaient les guides d'un musée s'extasiant devant ces nouveaux trésors à garder. Mais, hélas, vous n'avez plus faim. Pourtant, vos entrailles se mettent à hurler, vous paralysant de l'intérieur.
           Ce n'est pas la mort, c'est ça de vivre.

Le monstre qui se cachait sous mon lit...

07 Feb 2017

Violets are blue and your blood is red, the window was open so I'm under your bed...

       
         Depuis tout petit, je partage mon lit avec un monstre. Au début, je pensais que c'était juste mon imagination qui me jouait des tours puisqu'à l'époque, il était caché sous mon lit. À vrai dire, il n'est pas bien méchant, juste envahissant parfois.
         Bien entendu, j'ai d'abord changé de lit puisque j'avais un lit superposé. La place était donc moindre pour qu'il puisse s'y allonger tandis qu'il grossissait toujours plus mais, étant plus proche du sol, j'entends sa respiration profonde et le sol grincer sous son poids. 
         J'ai ensuite disposé le sommier directement sur le sol et même un rat aurait eu du mal à s'y glisser. C'est à partir de ce moment qu'il a commencé à séjourner dans mon lit. Il me tenait compagnie la nuit, peu lui importait où j'allais.
       Pendant quelques mois, j'ai dû quitter mon lit pour séjourner dans un modèle plus sécurisé, il était assez haut et peu large, le squatteur a alors tenté d'y rester pendant quelques jours avant de se soumettre et de s'installer à nouveau en dessous, gémissant au fil des jours jusqu'à finalement se taire. Il avait alors disparu.
         Il est réapparu peu après que je sois rentré chez moi, docile mais plus fort. Et en ce moment, il dort dans mon lit, seul, pendant que je murmure sous le vôtre.

Ce soir encore

12 Nov 2015

    Ce soir encore, tu les entendras t'appeler. certains crieront, d'autres chuchoteront ton prénom, parfois ce ne sera pas le tien. Peu importe où tu seras, ils te suivront, t'attendront; finalement, c'es toi qui finiras par les suivre, persuadé qu'ils veulent te montrer une chose que tu dois savoir ou que tu désires. Même si tu refuses, par peur ou par lucidité, tu finiras par accepter. Plus tu en aura peur et plus l'envie de savoir te rongeras, chaque partie de ton corps te feras payer ton indifférence et parfois, il te puniras d'avoir cédé à la tentation.

             Les voix que tu entendais deviendront alors des visages, des corps ou de simples ombres; bien sûr, beaucoup te sembleront familières alors tu leur offriras de ton temps puisque, de toute façon, maintenant il font partie de ta vie. Ils te prendront la main, frapperont tes ennemis, t'enfermeront dans des placards, te brûleront, t'arracheront la peau mais ils ne te tueront pas. Assis au bout de ton lit, ils te chanteront des chansons, te raconteront leurs journées, te maudiront et te rappelleront que tu n'es rien. Et, finalement, tu sentiras que ta vie deviendra la leur. Peu importe, la plupart d'entre eux font partie de ton imagination, bien que tu ne saches plus vraiment différencier le faux du réel.

             Si tu es assez résistant, ils t'apprendront à être plus fort, plus rapide et plus malin; pourtant tu continueras à te sentir faible face à eux. Certains te défieront, ne recules surtout pas, ils connaissent toutes tes faiblesses. Acceptes, souris et fixe les sans cesse, ils finiront par te laisser tranquille. Il est possible qu'ils disparaissent un temps, ne te réjouis pas car ça pourrais être un test. Tu cacheras alors tes cicatrices, tu laveras le sang que tu as sur les mains et souvent, ça seras le tien. Les voix reviendront peu à peu sans que tu ne t'en aperçoive, plus paisibles qu'avant, elles te rassureront, te soutiendront pour un temps. Les apparitions reviendront peut être, te feront des signes pour te rappeler que tu ne seras pas seul, qu'à chaque instant ils sauront te venir en aide d'une certaine manière. Et ce sera à partir de cet instant que tu te mettras à avoir peur de tout.

        Les maux de tête deviendront de plus en plus fort, tu perdras probablement la mémoire parfois, tu espéreras qu'elle ne revienne pas, tu chercheras un moyen de lutter via les mots, les sons, les formes ou les couleurs. Tu t'ouvriras toujours plus au monde ou alors tu te fermeras complètement, tu te sentiras prisonnier par ceux qui t'entoureront ou alors tu penseras être de trop. Tes sourires se figeront, tes yeux toujours dans le vague, les bras ballants et tremblants.

          Ce soir encore, tu les entends t'appeler. certains crient, d'autres chuchotent ton prénom, et parfois ce n'est pas le tien. Peu importe où tu es, ils te suivent, t'attendent; persuadé qu'ils doivent te montrer ce que tu dois savoir, ce que tu désires. Si tu refuses, par peur ou par lucidité, chaque partie de ton corps te le fais payer ton indifférence et il te punis d'avoir cédé à la tentation. Et là, tu te vois dans le miroir, debout, les yeux grands ouverts, des silhouettes autour de toi et de l'autre côté. La lame se rapproche de ta gorge, tremblante comme la main qui la tient, elle ne réponds plus. Ton sourire revient en entendant les voix qui t'encouragent car tu sais que tu peux le faire, tu as toujours été plus forts qu'eux et tu vas enfin le leur prouver. La douleur est insoutenable, la lame tombe, tu la rejoins lourdement sur le sol puis, après quelques minutes, tu te relèves, le corps endolori. Tu as survécu une nuit de plus, juste une nuit comme toutes les précédentes en fait. Tu sais que ce n'est pas la dernière alors tu attends la lumière du jour, affaibli mais vivant une fois encore.

Je vais bien ne t'en fais pas

19 Dec 2016

07/10/2006


         Je suis arrivé il y a 10 jours ici. Le premier jour, je l'ai passé à paniquer dans ce lit. Je n'ai pas été  seul ne serait ce qu'une minute. Le deuxième jour a été horrible, une boucle infernale de nausées, de spasmes et de convulsions. Je me suis même retourné un doigt accidentellement avec le barreau métallique du lit. Après les examens, mes poignets ont étaient sanglés pour plus de sécurité et on m'a administré un sédatif pour que je me repose. Les suivants étaient plus calmes, les cachets m'assommant un peu plus chaque jour. Les crises se sont arrêtées avant hier mais le médecin veut me garder encore une semaine en observation.


                                                                    Tu me manque.

10/10/2006


          J'ai merdé...


14/10/2006


         Le médecin juge que je ne dois plus te voir tant que je n'irais pas mieux. Ma veine paresseuse m'a trahie, j'ai dû tendre l'autre bras. Ils acceptent de pas utiliser de sangles si je coopère, je présume que les voix vont revenir.


15/10/2006


          J'ai dû participer à un groupe de paroles aujourd'hui. Ils pensent probablement que je suis comme ces paumés qui se mutilent pour se sentir exister. Leurs coupures ne pourraient même pas leur faire perdre connaissance, petits joueurs. Il faut que je me calme, si un autre accident arrivait je...


17/10/2006


           Les médecins ne veulent pas me laisser passer mes journées dans ma chambre, d'après eux ça me pousserait à me renfermer. Leur bouffe est dégueu et j'arrête pas de vomir puis les cachets, c'est horrible. Au moins, ils ont retiré le miroir dans la salle de bain, plus par sécurité que par charité mais c'est déjà ça. Les somnifères que l'on m'a prescrit n'ont marchés que quelques jours et une infirmière de garde passe la nuit pour vérifier que je ne claque pas sous leur responsabilité. Je me fais chier mais je pense te rejoindre bientôt, si tout va bien...


28/10/2006


           Fraichement sorti d'isolement. Après avoir discuté de longues minutes avec le psy j'ai obtenu de lui qu'il te fasse venir. Rien n'est sûr mais "ça serait peut être bénéfique à ma guérison". Croisons les doigts.


3/11/2006


            La visite est annulée, pas pour cette fois.


4/11/2006


           La visite est annulée, pas pour cette fois.


5/11/2006


          La visite est annulée, pas pour cette fois.


6/11/2006


          La visite est annulée, pas pour cette fois.

[...]


13/11/2006


          La visite est annulée, pas pour cette fois.


15/11/2006


          J'ai dormi pendant presque 20h d'affilée et c'est le jour que tu as choisie pour me rendre visite. Réveil douloureux aux aurores mais je mange avec le sourire pour la première fois en un mois. J'ai presque la sensation de sentir ton parfum flotter dans la chambre.


15/11/2006


          Viens me chercher, ça craint.


17/11/2006


          Je vais bientôt sortir de l'hôpital, ils veulent éviter un procès, je compte profiter de cet avantage. C'est moi qui te rendrai visite ma puce.  Bientôt.


21/11/2006


          C'est pour aujourd'hui, je sors cet après midi d'un commun accord. Je vais essayer de trouver des Freesia avant de venir te voir. 


27/12/2016


          Je ne t'ai jamais amener les Freesia, je ne  suis pas venu te voir. Les voix sont toujours là, la tienne aussi. Je ne saigne plus maintenant, du moins plus par ma faute. Je voudrais te dire que je suis heureux mais c'est compliqué. 
 

                                                           Je vais bien, ne t'en fais pas... 

Ne le répétez pas mais, je sais qu'on m'observe...

03 Feb 2017

    Ça a commencé quand j'avais 5 ans, j'ai senti son regard pendant que je dormais. Comme un gosse qui a peur du monstre sous son lit, je me suis bêtement caché sous ma couverture. Les heures ont passées et,  Ã  l'aurore, il m'observait encore. Je me suis levé complètement crevé, titubant dans ma maison comme une âme errante. J'ai senti son regard dans la cuisine,  dans la salle à manger, dans la salle de bain, dans le salon, dans la rue. La nuit suivante, il s'est assis au bord de mon lit,  a regardé dans le vague puis s'est mis à me regarder sans cligner des yeux,  il a regardé fixement  dans les miens. Son visage semblait neutre, je ne le distinguais presque pas. 


           Ne le répétez à personne mais je sais qu'on m'observe à longueur de journée, non pas que j'ai un quelconque intérêt, peut être qu'ils en cherchent justement un. C'est arrivé comme ça, je marchais dans la rue un soir sans lune, et ils m'ont devancé, ils m'ont suivi, ils m'attendaient, ils me poursuivaient. Leurs yeux brillaient dans le noir, se reflétant dans les vitrines. Ces projecteurs agissaient comme des miroirs déformés, aucun ne projetait le même reflet.


        Ne le répétez à personne mais, ils me parlent quand le silence se fait seul,  comme si il souhaitait disparaître à jamais. Ils ne savent pas ce qu'ils disent, leurs mots viennent tout seul. Et leurs bouches restent immobiles, leurs regards inexpressifs, leurs visages figés. Ne le répétez à personne mais, leurs voix sont plus fortes que les vôtres. Si vous me parlez,  il suffit que je les vois au loin pour ne plus vous entendre, ils demeurent maîtres des sens.


      Ne le répétez à personne mais, je sais qu'ils sont dans ma tête. Ils veulent sortir, ils veulent y rester éternellement. Mes yeux sont leurs tours de guet,  ma voix et mes oreilles comme interphone. 

      Ne le répétez pas mais, je sais qu'on vous observe la nuit et je ne peux plus rien y faire, je les entends s'approcher de vous et je voudrais vous réveiller mais comprenez moi,  vous diriez que je suis fou. 

 

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